Mengzhi Zheng dévoile au creux d’un bosquet du circuit de la Croix Camonin Une Folie de 5,45 m de haut en tôle thermolaquée de 10 couleurs. Cette rêverie architecturale qui n’a pas fonction d’habitat mais plutôt de poésie, offre une transparence au regard et une multiplicité de points de vue. D’inspiration constructiviste, ouverte, la structure sur pilotis se complexifie de pans colorés, laqués, troublant les notions d’intérieur et d’extérieur, de murs, de toit. Cette évocation de la « maison » ou de la « cabane » s’émancipe des obligations ; l’espace, pourtant circonscrit, se libère des contraintes d’une fonction. Elle offre au promeneur en quête d’une pause une utopie qui suscite la rêverie et ravive les souvenirs d’enfance. A voir sur le circuit de la Croix Camonin, Vent des forêts, Meuse, France.
Note pour Une Folie 2020,
Mengzhi Zheng, juin, 2021
—
Exister en forêt. Il était simplement le temps de passer d’une échelle à une autre : de la petite, à portée de main, à la grande où le corps domine. Vent des Forêts me donne l’occasion folle de proposer une œuvre dans les bois de la Meuse, dans ce grand centre d’art naturel à ciel ouvert où se côtoient des œuvres depuis 24 ans sur des hectares et des hectares de terrains au privilège des promeneurs. Des artistes sont invités chaque année à continuer le dessin général de la carte des parcours possibles.
Ma proposition était là sous mes yeux depuis déjà quelques années, une sculpture de ma série des Maquettes abandonnées (2014- …) était posée sur ma commode du salon – jamais montrée. Une toute blanche sur pilotis que j’imaginais parfaitement dans une forêt, voilà l’occasion qui m’était donné de raconter son histoire.
J’ai revisité sa structure sous numérique vers un dessin squelettique à l’image de mes installations Pli/Dépli (2011-…). Mais cette fois-ci, les dimensions des cadres et des formes de couleurs que composent la sculpture sont variables et presque aléatoires. L’échelle s’apparente à une cabane manufacturée dans les bois inachevé.
Un objet identifiable de loin. La forêt est vaste et haute, je ne peux que la tendre vers le ciel. Le premier niveau, accessible aux promeneurs est une invitation à l’habiter le temps d’une pause, il pourra s’y asseoir devant une table et se reposer avant de reprendre son chemin. Le second n’est qu’une image d’un abris qui n’est pas. Non accessible, il est défendu d’y monter. à vos risques et périls, mais quelle audace pour attendre la canopée et effleurer le ciel. L’idée est vaine, on ne dépasse pas nos arbres. Néanmoins, la ligne d’horizon est belle et à portée de bras.
—
Photo © Louise Talarico, Yassir Laifaïoui, Mengzhi Zheng