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Une cinquantaine d’artistes de toutes générations et nationalités, dans une distribution paritaire, sont invité.e.s à concevoir des œuvres in situ.
Cette 15e édition de la Biennale d’art contemporain de Lyon est conçue comme un écosystème, à la jonction de paysages biologiques, économiques et cosmogoniques. Elle se fait ainsi le témoin des relations mouvantes entre les êtres humains, les autres espèces du vivant, le règne minéral, les artefacts technologiques et des histoires qui les unissent.
En écho à la géographie même de Lyon, Là où les eaux se mêlent est le titre, emprunté à un poème de Raymond Carver, de la 15e Biennale d’art contemporain. Elle investit pour la première fois, outre le macLYON et de nombreux lieux associés, les halles désertées des anciennes Usines Fagor, situées au coeur du quartier Gerland. Cet espace en jachère – dont les vestiges (machines oubliées, béances et absences créées par l’usure du temps et par l’action humaine) font coïncider l’ancien monde industriel et les promesses d’un avenir incertain – sera le théâtre d’un système d’échanges politiques, poétiques, esthétiques et écologiques.
FR
Mengzhi Zheng envisage l’architecture de notre présent comme relevant déjà du passé et acte ainsi son devenir-ruine. Détournant les codes des maquettes d’architecture, jouant de la transposition du dessin au volume, ses œuvres sont élaborées avec des matériaux « pauvres » (carton, bois de cagette, cordelette) dont le rendu est souvent minimal ou suggère une forme de précarité. Il nomme ses constructions « espaces non- habités », « inarchitectures » ou encore « espaces non- fonctionnels ». Ses dernières sculptures, privilégiant les formes circulaires initiées à partir de jeux d’assemblages et de maquettes sont issues de réflexions sur les propriétés de matériaux qu’il combine tels que du bois de tressage de panier ou des colliers d’attaches de câbles électriques. Qu’il s’agisse d’une installation monumentale ou d’une maquette, son travail de manipulation des matériaux cherche à défier la réalité de leur poids, de leur assemblage et de leur équilibre.
EN
Mengzhi Zheng considers our present-day architecture to already be a thing of the past, thus affirming its future as ruins. Tweaking the grammar of architectural models and playing with the transposition from drawing to 3D, his works are crafted with “poor” materials (cardboard, crate wood, cord). The results are often minimalist or suggest of a kind of precariousness. He calls his constructions “uninhabited spaces,” “inarchitectures” and “non- functional spaces”. Composed of circular shapes based on assemblages and models, his most recent sculptures flow from his reflections about the properties of the materials that he combines, such as basket- weaving wood and electric-cable ties. Whether for monumental installation or mock-up, his handling of materials seeks to defy the reality of their weight, assemblage and equilibrium.
FRANCE TV INFO
Biennale de Lyon : de la conception à la réalisation d’une œuvre contemporain.
Invité de la 15e Biennale d’art contemporain de Lyon, l’artiste Mengzhi Zheng a conçu son œuvre en étroite collaboration avec une entreprise de la Loire : Groupe HASAP, partenaire de la Biennale. Un travail technique et créatif qui a duré près de trois mois.
LYLRADIO
Entretien dans mon atelier, propos recueillis par Marie Jullian et Vahan Soghomonian, où j’évoque différents aspects de mon travail, réflexions, références, résidences, démarches, qui m’ont mené jusqu’à cette proposition pour la biennale.
> https://lyl.live/episode/biennale-2019-mengzhi-zheng
FR english below
D’emblée l’œuvre ne coïncide pas avec son environnement, elle n’est qu’un incident qui déjoue l’espace industriel des usines Fagor à Lyon. Dans l’immensité grise du béton et de son architecture utilitaire, Mengzhi Zheng déconstruit le lieu, il en écarte la masse pour enchâsser une structure aérienne par le seul défi de l’intrusion. Voici donc une ode au nomadisme, à la légèreté du volume, à la transparence, à la liberté. Ici l’air circule, tout s’élève en courbe et en douceur. La couleur coule, immatérielle. Elle glisse sur des arcades adossées au vide, les ailes au repos, et déploie avec grâce la nudité de ses lignes. C’est un peu comme si l’on avait délivré Le Corbusier de son enveloppe de béton, comme si un ouragan l’avait déchiquetée.
Car c’est bien d’architecture qu’il s’agit ici. Mais d’une architecture désossée, évidée, livrée au seul jeu de ses sinuosités rythmiques. Et aussi une construction délicate, précaire, encore à l’état de maquette, qui prend et retient son souffle, adossée au flanc de la lourde architecture de l’usine Fagor comme si l’artiste, pour construire, s’acharnait à épurer, arracher à la matière angles et arêtes pour exhiber la pureté du vide. L’œuvre se donne dans son dénuement somptueux, pareille à une yourte dénudée, s’offrant à la liberté de l’espace dans son simple appareil fait de feuilles de plexiglas teintées de lumière, d’articulations sinueuses, de cordelettes et de plastique. Elle se déplie et se déploie dans la promesse d’un envol.
« Là où les vents se caressent »… Le titre de l’œuvre répond par ironie à celui de la Biennale. A lui seul il énonce la sensualité d’un espace quand le vide s’y engouffre et qu’il n’en reste que les seuls fils du dessin. Car Mengzhi Zheng, à l’instar des grands paysagistes chinois, dessine l’espace, avec des fibres de lumière et de brume. Il dessine le vent en recherchant le ciel. Tout ici n’est que modestie, miracle des matériaux pauvres pour célébrer l’immatérialité dont l’artiste est l’humble serviteur.
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EN
From the outset, the work does not coincide with its environment, it’s just an incident that thwarts the industrial space of the Fagor factories in Lyon. In the grey immensity of concrete and its utilitarian architecture, Mengzhi Zheng deconstructs the place, he removes its mass to embed an aerial structure by the sole challenge of intrusion. Here is an ode to nomadism, to the lightness of volume, to transparency, to freedom. Here the air circulates, everything rises in a curve and smoothly. The color flows, immaterial. It slides on arcades leaning against the void, wings at rest, and spreads gracefully the nudity of its lines. It’s as if we had delivered Le Corbusier from his concrete envelope, as if a hurricane had shredded it.
Because it is architecture that is at stake here. But of a boneless architecture, hollowed out, delivered only to the play of its rhythmic sinuosities. And also a delicate, precarious construction, still in the state of a model, which takes and holds its breath, leaning against the side of the heavy architecture of the Fagor factory as if the artist, to build, was determined to purify, to tear away from the material angles and edges to display the purity of the void. The work is given in its sumptuous destitution, like a naked yurt, offering itself to the freedom of space in its simple apparatus made of plexiglass sheets tinged with light, sinuous joints, cords and plastic. It unfolds and unfolds in the promise of a flight.
«Where the winds caress each other»… The title of the work responds ironically to that of the Biennial. It alone expresses the sensuality of a space when the emptiness rushes into it and only the threads of the drawing remain. Because Mengzi Zheng, like the great Chinese landscape architects, draws space with fibers of light and mist. He draws the wind while searching for the sky. Everything here is nothing but modesty, a miracle of poor materials to celebrate the immateriality of which the artist is the humble servant.
Les 54 artistes présentés dans l’exposition officielle (Usines Fagor, macLYON et Veduta) sont : Rebecca Ackroyd (Royaume-Uni), Isabelle Andriessen (Pays-Bas), Jean-Marie Appriou (France), Felipe Arturo (Colombie), Bianca Bondi (Afrique du Sud/France), Malin Bülow (Suède/Norvège), Bureau des Pleurs (France), Stéphane Calais (France), Nina Chanel Abney (États-Unis), Gaëlle Choisne (France), Yu-Cheng Chou (Taïwan), Morgan Courtois (France), Daniel Dewar et Grégory Gicquel (Royaume-Uni/France/Belgique), Khalil El Ghrib (Maroc), Escif (Espagne), Jenny Feal (Cuba/France), Thomas Feuerstein (Autriche), Julieta García Vazquez & Javier Villa de Villafañe (Argentine), Petrit Halilaj (Kosovo/Allemagne), Dale Harding (Australie), Holly Hendry (Royaume-Uni), Karim Kal (Suisse/France), Bronwyn Katz (Afrique du Sud), Sam Keogh (Ireland/Pays-Bas), Lee Kit (Chine/Taiwan), Eva L’Hoest (Belgique), Mire Lee (Corée du Sud), Yona Lee (Corée du Sud / Nouvelle-Zélande), Renée Levi (Turquie/Suisse), Minouk Lim (Corée du Sud), LYL Radio (France),Taus Makhacheva (Russie), Léonard Martin (France), Gustav Metzger (Allemagne/Royaume-Uni), Nicolas Momein (France), Shana Moulton (États-Unis), Simphiwe Ndzube (Afrique du Sud/États-Unis), Josèfa Ntjam (France), Fernando Palma Rodriguez (Mexique), Le peuple qui manque (France), Thao-Nguyên Phan (Vietnam), Abraham Poincheval (France), Stephen Powers (États-Unis), Philippe Quesne (France), Marie Reinert (France/Allemagne), Megan Rooney (Canada/Royaume-Uni ), Pamela Rosenkranz (Suisse), Ashley Hans Scheirl & Jakob Lena Knebl (Autriche/Allemagne), Aguirre Schwarz (Zevs) (France), Stéphane Thidet (France), Nico Vascellari (Italie), Trevor Yeung (Chine/Hong Kong), Pannaphan Yodmanee (Thailand), Victor Yudaev (Russie/France), Mengzhi Zheng (France).
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Photo © Blaise Adilon